Nombre total de pages vues

mercredi 22 février 2012

Le carnet qui voyage

Généralement, les gens voyagent avec leur carnet sous le bras... cela donne des carnets de voyages hauts en couleurs. Mais là c'est le carnet qui voyage chez différents dessinateurs qui y présentent leur région. J'ai trouvé l'idée très sympa et originale alors j'ai signé pour deux carnets !  Ce sont deux membres signus qui ont lancé cette jolie idée, inspirée de ce qui s'est déjà fait, parfois avec des artistes illustres.

J'ai réfléchi à un sujet bien avant l'arrivée du carnet et j'ai bien fait car Midi-Pyrénées est la plus grande région de France et très très riche. J'ai arrêté mon choix sur la ville que j'habite : Toulouse. Et là encore il y a tant de choses que l'on pourrait raconter en images... Alors j'ai pris le sentier des sentiments. Je me suis, pour une fois, laissée porter par eux et ai remonté la piste de l'inspiration qu'ils me présentaient. J'ai d'abord voulu parler des longues promenades d'automne le long du canal du Midi. J'adore m'y promener et spécialement autour du port de péniches de Ramonville. C'est donc le lieu et le sujet que j'ai choisi de représenter. J'ai pris quelques photos une belle journée d'automne et travaillé à partir de ça en faisant diverses vignettes préparatoires au feutre gris. C'est au feutre que je pensais réaliser mon dessin... j'ai tenté les feutres de couleur bof bof non ça n'allait pas. Je suis passé aux feutres de différentes nuances de gris. Très bien en vignette (oui oui ne vous impatientez pas vous allez les voir) mais la taille de mes feutres pinceaux, pas assez gros, me semblait un obstacle majeur pour réaliser le dessin final en plus grand format.
Et puis je n'obtenais malgré tout pas la finesse que je souhaitais pour ce dessin.





J'ai aussi tenté le brou de noix. Amusant de faire son mélange soit-même à partir d'un produit naturel. Le rendu est très joli. Voici un test ici :


Dans le même temps, je devais aussi m’atteler à un exercice à rendre à ma tutrice Signus qui concernait un paysage au lavis. Je traînais des pieds depuis un moment, la flemme de ressortir les pinceaux, depuis longtemps laissés à l'abandon (oui j'avoue) dans les oubliettes de mon matériel. Et puis ma flemme m'a, pour une fois, suggéré une bonne idée : faire d'une pierre deux coups et réaliser le dessin du canal pour le carnet au lavis... ce qui me permettrai aussi de rendre ce fichu exercice !
Le voici :

 

Mais le carnet comptait une double page que je souhaitais exploiter... Que faire sur la page opposée ? Et c'est là aussi que quelque chose d'important s'est produit. Je me suis rendue compte que j'avais tendance à forcer l'inspiration, à réfléchir et réfléchir... sans grand résultat ou pour des résultats vraiment riquiqui. Et j'ai réalisé qu'il y a quelque chose que je ne faisais pas et qui est pourtant toute simple. Enfin pas tant que ça quand on a des petits monstres bruyant autour de soi et que le temps est très limité. Cette chose s'apparente à de la médiation je trouve : c'est tout simplement se poser, se recentrer, s'asseoir, fermer les yeux (ou aller se promener) et être à l'écoute, à l'affut de ce qui vient. Laisser émerger des images, des idées et remonter la piste, parfois en s'aidant de recherches internet ou autres etc. Et ça a super bien marché ! On n'a malheureusement que rarement le temps de se poser de nos jours et c'est un processus qui demande calme et lenteur, pas facile tous les jours. Laisser venir au lieu d'aller chercher. Cela fait toute la différence. Se prendre au jeu de la découverte que cela suscite.

Autour de moi, depuis des mois, des dizaines et des dizaines tractopelles et de grues dévorent la mémoire de ce vieux quartier de Toulouse. Elles érigent des immeubles sans âmes en lieu et places des traditionnelles "toulousaines" (maisons en brique) et de leurs grands jardins. Autrefois ce quartier du nord de la ville était appelée "la salade" car réservé aux maraîchers... et à la production de la violette de Toulouse. Elle était offerte en bouquets mais on en faisait (et on en fait encore) du parfum, des confiseries etc. Je voulais donc rendre hommage à ce passé tout en senteur et en couleur. J'ai donc osé le choix du violet pour réaliser mes pages. C'est particulier donc si on n'aime pas la couleur c'est sûr c'est risqué. Et puis quelques recherches m'ont fait tomber sur une superbe miss violette sans que je puisse savoir en quelle année elle a été élue. Autour de 1900 peut-être ? J'ai appris ainsi que tous les ans, et encore aujourd'hui on élit une miss violette. C'est toujours mieux que miss bradwurst hi hi.

Pour finir, j'ai pu conserver le feutre finalement pour les sombres puisque mon encre de chine n'était pas assez saturée. A manier quand même avec modération car pas facile à gérer. J'ai bien cru que je massacrai mon joli portrait vers la fin mais ouf non j'ai pu rattraper. Par superstition je me suis arrêtée là. Et je l'aime beaucoup.



 C'est d'ailleurs amusant mais je trouve que la coiffure fait penser à l'exubérance de celles du Japon à une certaine époque... Et aussi aux pétales de la violette.

Ah j'allais oublier. Pour faire une simulation de mise en page avant de me lancer. J'ai utilisé le logiciel gratuit Scribus. Franchement depuis que je l'ai essayé, je ne peux plus m'en passer pour ce genres de choses ! Je le recommande, il est facile à utiliser et bien fichu. Il m'a suffit de mettre mes petits croquis rapides pour voir ce qui collait ou pas. Et je me suis rendue compte que ceux du flacon de parfum et de la toulousaine ne passaient pas. Les voici :


 Par contre la petite violette en cul-de-lampe clôturait parfaitement cette évocation.
 Le carnet est arrivé à l'étape suivante... et j'ai eu le grand plaisir de le voir devant  de magnifiques Pyrénées enneigées ! Merci à Marmelade de sa gentillesse pour avoir accepté que je vous la montre ici. Vous pouvez ainsi voir la mise en page finale. Et ça sera d'ailleurs l'image de fin.